Mon enfant embête tout le temps son frère ou sa sœur

Comment arrêter ces conflits sans crier ni s'énerver

· Questions de parents,L'aider à grandir

Votre enfant vous épuise-t-il à force de son frère ou sa sœur ? C'est une question qui revient très souvent chez les parents : l'un des enfants cherche l'autre, le provoque, attend qu'on ait le dos tourné et le frappe sans raison apparente, ou fait exprès de le coller alors que l'autre enfant ne lui a rien fait et veut être tranquille.

Ces situations sont souvent injustes pour l'enfant qui est dérangé dans ses activités et sont perçues comme irrespectueuses, rendant difficile de réagir calmement car on est souvent interrompu et la situation est "un peu fort de café".

Si vous avez déjà tout essayé (expliquer qu'il ne fallait pas le faire, prévenir en amont, obtenir des promesses, voire sanctionner ou punir, ...) et que le comportement ne produit pas d'effet durable, ou qu'il s'arrête seulement sur le coup avant de recommencer dès que vous vous éloignez, vous n'êtes pas seul.e !

Voici ce que je conseille aux parents qui me consultent à ce sujet

Pour mettre fin à ces conflits, nous devons comprendre la cause réelle du comportement en utilisant l'image de l'iceberg.

L'iceberg du comportement : Comprendre ce qui se cache derrière ce comportement.

Le comportement de l'enfant qui titille ou embête est souvent le signe d'un inconfort qu'il ressent intérieurement.

« Mon fils embête sa petite sœur », c'est la pointe émergée de l'iceberg, la partie visible du comportement... et celle qui pose problème aux parents.

La partie cachée de ce comportement - la face immergée de l'iceberg - c'est souvent un inconfort que ressent l'enfant avant d'aller chercher, provoquer ou embêter son frère ou sa soeur. Il peut s'agir d'ennui, d'une tension intérieure ("être à cran"), ou d'une agitation dont l'enfant cherche à se décharger. Ce type de comportement peut également se produire avec un chat ou un chien si l'enfant n'a pas de frère ou sœur. Cette stratégie de déranger l'autre est une stratégie peu bénéfique mais relativement efficace pour arrêter de se sentir trop mal. Par ce comportement qui dérange, l'enfant cherche à obtenir une attention, même négative, de la part des parents.

Tant que vous restez concentré sur le haut de l'iceberg (« Arrête ! Fiche-lui la paix ! Elle t'a rien fait ! »), vos interventions ne produiront pas d’effet durable. Nous avons besoin de venir connecter avec ce qui se cache sous la surface de l'eau.

Une troisième voie : connecter pour rediriger

Pointer ou sanctionner le comportement qui pose problème s'avère souvent inefficace.

Ignorer ou laisser faire ne fonctionne pas non plus. D'une part ce serait injuste pour l'autre enfant qui subit cette situation et d'autre part cela entraîne l'enfant dans une logique d'escalade jusqu'à un seuil plus problématique encore, où les parents ne peuvent plus continuer d'ignorer le comportement.

L'approche la plus efficace consister à "passer sous la surface de l'eau" pour connecter avec ce qui pose problème à l'enfant : l'ennui, l'agitation, l'inconfort qu'il ressent et qu'il cherche à apaiser. Notre objectif est de capter son attention par cette connexion, pour mieux le rediriger vers un autre comportement qui soit non seulement plus adapté, mais surtout plus bénéfique et qui lui permettra de se calmer profondément et durablement.

1. Ce que vous pouvez faire "à chaud"

Quand l'enfant cherche ou provoque, il est dans une recherche d'attention lui permettant de se réguler. Intervenir en accordant votre présence l'aidera à sortir de ce mode "alerte rouge".

• Inteposez-vous physiquement, aussi calement que fermement, sans reproches ni critique. Vous incarnez la limite que vous souhaitez établir : on n'embête pas les autres, même pour chercher à se sentir mieux.

Posez des mots sur l'inconfort : Connectez-vous à son vécu en lui fournissant des façon de nommer son inconfort intérieur. Utilisez des phrases interogatives, pour manifester votre intérêt et votre souci de comprendre plutôt que pour exiger des réponses :

◦ « Oh là là, tu t'ennuies là ? »

◦ « Tu te sens tout bizarre à l'intérieur ? »,

◦ « Tu as comme une tempête qui monte ? »

◦ Vous pouvez même dire : « Tu as envie d'embêter [ta petite sœur] là, dans ces moments-là ? ».

Redirigez le comportement : Une fois que vous aurez capté son attention, proposez une autre façon de s'apaiser, de s'occuper. L'objectif est de lui permettre de faire l'expérience qu'il existe de meilleures façon de se sentir mieux afin qu'il ou elle renonce à sa stratégie actuelle : embêter les autres enfants.

Si vous êtes occupé : Proposez lui de participer à votre activité (éplucher des carottes, trier des chaussettes, ...) en rendant cela assez ludique ou "vendeur". Cela ne doit pas passer pour une sanction ! Vous pouvez également proposer des activités à l'oral, si vos mains sont prises, pour jouer avec des devinettes ("Devine à quel fruit je pense") ou des jeux comme Jaques-a-dit, Ni "oui", ni "non", ...

2. Agir aussi "à froid" pour gagner en efficacité

Pour obtenir un changement durable, il est crucial d'agir en dehors des moments de crise, lorsque l'enfant est calme et disponible.

  • Aidez votre enfant à mieux identifier et comprendre ce qu'il ressent (l'ennui, l'agitation, l'instabilité) pour qu'il puisse mieux réguler ces sentiments,. Aborder ces sujets quand l'enfant est calme évite les réactions de défense liées à la honte de mal agir.
  • Définissez avec lui des stratégies plus adaptées : ce que votre enfant pourra faire la prochaine fois qu'il ressent cet inconfort. Ces stratégies peuvent être proposées comme des "missions", plutôt que des interdits. Vous pouvez par exemple définir un code pour vous solliciter : "Si tu sens l'agitation qui monte, tu peux me dire 'Alerte rouge', je sens que j'ai envie d'embêter ma petite sœur". Préparer ensemble un panier anti-ennui avec des activités appréciées de l'enfant (et idéalement régulièrement renouvelées) vers lequel il pourra trouver de quoi s'occuper de façon adaptée & apaisante.

En suivant ces étapes, la situation évoluera progressivement. D'abord vous parviendrez à interrompre le comportement-problème plus facilement, sans crises ni punitions inefficaces. Petit à petit votre enfant réussira de plus en plus souvent à vous solliciter avant de chercher à embêter son frère ou sa soeur. Ces premières victoires pourront être célébrées sans retenue : « Ah super, tu as trouvé tout seul l'idée de t'occuper, génial ! ».

Ensuite votre enfant parviendra même à attendre un peu que vous soyez disponibles pour l'aider, voire à s'occuper de façon autonome avec une activité apaisante.

Vous aimeriez avoir d'autres "mode d'emploi" pour savoir comment réagir face aux comportements difficile de votre enfant ?

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